Salon du chiot

salon de chiotJe ne comprends pas…et pourtant j’y ai beaucoup réfléchi, mais je ne comprends toujours pas. Comment est-ce possible qu’au 21ième siècle en Europe de l’ouest les salons du chiot existent, fleurissent, s’organisent encore régulièrement? Que le programme du WE pour une famille avec enfants soit de payer l’entrée dans le plus grand hall de la région et de regarder, de caresser et finalement d’acheter un chiot venant d’ «on-ne-sait-où» sans que cet achat soit fait après une longue réflexion, et en assumant les responsabilités. Et pourquoi ça ? juste parce que l’enfant pleure et que le chiot est vraiment trop mimi… Sans avoir la moindre idée de savoir comment assurer une vie harmonieuse, heureuse à ce petit chien, ou même sans avoir une idée quelle taille il aura à l’âge adulte.

Trouver la motivation des organisateurs n’est pas trop compliqué : c’est l’argent… Beaucoup d’argent. Quand nous voyons qu’ils louent le Zénith de Strasbourg dont le prix de location doit couter extrêmement cher, qu’ils louent des surfaces publicitaires et qu’ils possèdent des camion rutilants, nous pouvons avoir une idée des sommes qui sont investis dedans, et le bénéfice que cela doit apporter pour fonctionner malgré ces dépenses. Et ça fonctionne car les salons aux chiots sont organisés plusieurs fois par an dans chaque région. Une partie des dépenses est certainement couverte pas les billets d’entré vendus, ou par la vente de croquettes et d’autres objets accessoires (car nous pouvons acheter sur place tout ce qui est nécessaire : le lit du chien aux couleurs de l’arc en ciel, les jouets clignotants, les colliers personnalisés avec le nom du toutou…). Mais le vrai bénéfice reste de vendre des chiots. Mais quel type de chiot pouvons-nous acheter là bas ?

  • Nous pouvons acheter un border collie qui va rester de taille « pas trop grande » et qui « n’a pas besoin de trop d’activité»
  • Nous avons également le choix de prendre un berger de Pyrénées, le petit arlequin, qui est bizarrement beaucoup plus petit que ses frères et qui est également d’une autre couleur, donc l’éleveur a décidé de ne pas le faire LOF. Il est extrêmement peureux mais il très est mignon
  • Nous pouvons opter pour le petit australien, qui bizarrement 2 jours après le salon se trouve en soins intensifs chez le vétérinaire avec une parvovirose… et pour notre plus grande surprise l’éleveur ne répond pas au téléphone…
  • Nous pouvons acheter des chiots boxer avec la queue coupée, 12 ans après l’interdiction de toute mutilation de convenance
  • Il y a également des chiots tatoués sur les deux oreilles… avec deux numéros différents
  • Certains chiots, qui ont 2 mois, sont déjà en train de changer leurs dents …
  • Dois-je continuer ?

Les vendeurs informent les visiteurs que les personnes qui manifestent devant l’entrée (moi y compris) sont « les éleveurs qui sont jaloux parce qu’ils n’ont pas la possibilité de participer à cette événement ». Je ne suis pas éleveur. Je suis monitrice responsable d’école des chiots dans un club. Je suis comportementaliste. Je suis quelqu’un qui se bat pour les droits des animaux. Et l’existence des salons aux chiots me dérange à tous points de vues. Pourquoi ?

Il n’est pas normal d’acheter un chien sur un coup de foudre, sans savoir d’où il vient, sans connaître sa race. Sinon, nous allons droit vers la catastrophe; soit le chien, soit nous-même, mais quelqu’un va souffrir. Alternativement nous allons nous sentir terriblement mal après le décès de chien (à cause d’une maladie quelconque) en voyant notre enfant pleurer pendant les jours.

Acheter un chien est une RESPONSABILITÉ ÉNORME. Être éleveur de chiens l’est aussi. Un bon éleveur ne disparaît pas la seconde après notre achat. Un bon éleveur ne ment pas par rapport aux besoins spécifiques de la race. Un bon éleveur n’amène pas les chiots au salon, où les bactéries et les virus se développent facilement. Un bon éleveur consacre énormément de temps (et d’argent) à sociabiliser les chiots, à bien choisir les reproducteurs, à tester leur état de santé, à la prévention des maladies, et à la formation et au soutien des acquéreurs. Un bon éleveur ne vend pas toute la portée avec des papiers trafiqués à l’étranger pour que là bas un autre « éleveur » puisse les vendre sous son propre nom d’affixe au salon du chiot !

Si nous avons envie de voir des chiots tout mignons, rendons visite à un club, une école de chiots ! Ça sera gratuit. Nous allons obtenir des réponses honnêtes à nos questions. Et avec un peu de chance nous aurons la possibilité de voir également sur place des individus adultes de la même race…

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